Avant - après

Première page pour cette nouvelle année que je vous souhaite d'ailleurs excellente!
Une page de scrapthérapie pour mettre certaines choses à plat, pour les exprimer...


Le journaling (attention: c'est long!):
"Il y aura clairement eu un avant et un après. Pour tout le monde. A plusieurs niveaux.
Quelque chose a basculé ce matin du 14 novembre 2010.
A 6h30, on sonne avec insistance. Toute la nuit, j’ai entendu des sirènes et aperçu des lumières bleutées de gyrophares… je n’ai pas compris, ne me suis pas doutée et quand j’ai ouvert la porte, je suis tombée des nues : « il faut évacuer, le canal va déborder »… cette jeune fille en bottes qui essaie de me parler en français, moi qui répond en néerlandais… elle propose son aide pour mettre des choses en hauteur. Moi, je remonte les escaliers en vitesse. Prévenir Eric, m’habiller, éveiller Erwan, le faire s’habiller en lui expliquant sans lui faire trop peur puis aller chercher Yoan qui s’est éveillé…
Bouger ma voiture. Partir… Nous renoncerons à aller chez Oma, le chemin pour y arriver est sans doute sous eau aussi. Je téléphone à Sandra. Nous irons à Clabecq. Ils ont de l’eau dans la cave mais ça va. Gilbert revient avec Mick car Sabine panique. La maman de Sandra a dû se réfugier chez une voisine : Tubize est inondé… Elle a tout perdu… Nous téléphonons aux voisins dans la journée. Ils ne sont pas partis, ont pris Céline chez eux… selon eux, ça va… Nous décidons donc de rentrer. En passant le canal à Lembeek, le niveau de l’eau nous impressionne. Chez nous, on ne peut pas descendre la Dreef. Il y a une fissure dans la digue. Si elle lâche, il y aura une montée d’eau d’un mètre cinquante… L’eau s’arrête à une centaine de mètres de la maison à gauche. On ne voit plus la route. Elle est barrée et les pompiers sont là. Quand nous rentrons dans la maison, il y a de l’eau dans la cave mais on voit encore le béton. On décide de faire un sac au cas où. Eric met ce qu’il peut en hauteur. Chez les voisins, les plombs sautent. Le niveau d’eau dans la cave monte. Le disjoncteur saute chez nous aussi. Nous décidons de partir pour ne pas faire subir une seconde évacuation aux enfants. Nous appelons Gilbert et nous repartons sur Clabecq pour la nuit… Nuit qui sera courte et pas évidente… les enfants ne sont pas chez eux, s’éveillent,… lundi matin, nous repartons pour les conduire à l’école et à la crèche puis nous rentrons à la maison pour constater l’étendue des dégâts. L’eau a dû monter d’environ 50 cm. Nous avons eu de la chance, beaucoup de chance. De l’autre côté de la rue, les voisins ont eu un mètre cinquante dans la cave. Leurs voisins ont le rez inondé, on ne sait pas entrer chez Céline, l’accès à la maison, le garage et les caves sont sous eau… d’autre maison de la rue, en contrebas sont également ravagées… Tout le monde est dehors et constate, évacue, … C’est un peu chacun pour soi. Nous nous entraidons entre nous : les voisins directs, le camionneur et sa belle-mère. On pompe, on se réchauffe le moral…
Par après, il y aura des désillusions… les réactions ou plutôt les non-réactions des amis. Les propositions d’aide d’autres… Ce qui me fait le plus mal, ce sont les cauchemars de Yoan, la peur d’Erwan… Maintenant, une semaine plus tard, il en parle encore, s’inquiète du niveau de l’eau quand on passe le canal, le trouve haut… mais il en parle, c’est déjà ça. Je le rassure du mieux que je peux car c’est à moi qu’il se confie… On a commencé à nettoyer. Ca doit sécher…
J’ai perdu mes photos d’avant. Celles que mes parents n’ont pas sont perdues à jamais. Il faut clairement se tourner vers l’avenir. Ma vie avec Eric, Erwan, Yoan… Et ma vision des choses a changé. Il y a eu pire, bien pire. Nous avons eu de la chance. Nous sommes en vie, tous les quatre. Nous n’avons que des pertes matérielles… Oui, il y aura clairement eu un avant et un …"

Si vous êtes toujours là, merci d'avoir lu et d'être passé par ici...